Chapitre 20

 

J’atterris dans une mare d’eau.

— Tu vises toujours aussi bien, ma chère, dit Kristof. Il était plongé jusqu’aux aisselles dans l’eau boueuse. Il se tourna vers moi, dont l’eau atteignait à peine les genoux. Lorsqu’il ouvrit la bouche, quelque chose jaillit de l’eau, lui aspergeant le visage de vase brune. Je me mordis la joue pour m’empêcher de rire.

— Désolée, dis-je tandis qu’il recrachait l’eau. Je t’avais prévenu que je ne connaissais qu’un seul code de voyage pour le Honduras.

Il cracha de nouveau puis pataugea jusqu’à moi. Tandis qu’il approchait, il s’ébroua comme un chien, aspergeant toutes les directions y compris la mienne. Je poussai un cri aigu, reculai en titubant et tombai à plat sur les fesses, dans une gerbe d’éclaboussures qui trempa tout ce qui n’était pas sous le niveau de l’eau. Il sourit et tendit la main pour m’aider à me relever. Je la pris et l’attirai près de moi.

Il roula sur le côté. Son regard balaya mes habits humides et il ouvrit les lèvres.

Je l’interrompis.

— Si cette phrase contient les mots « catch » et « boue », je te conseille vivement d’y réfléchir à deux fois.

— Je n’allais pas parler de catch dans la boue. De bains de boue par contre, c’est une autre histoire. Beaucoup de gens paient une belle somme pour voir ça. (Il saisit une poignée de boue qu’il fit couler entre ses doigts.) Ce serait… intéressant, non ? Une nouvelle sensation. Tu as toujours adoré ça.

— Alors tu le suggères pour mon propre bien ?

— Évidemment. Je ne te toucherai pas. Je n’essaierai même pas. Je me contenterai de regarder. (Sourire furtif.) Ce sera suffisant.

Je me relevai.

— Ah, ce que tu es sexy quand tu t’énerves.

— Oh, arrête. Il en faut bien plus que toi pour m’énerver, Kristof Nast.

— Ah bon ? (Il se releva et vint se placer sur mon chemin.) Dans ce cas, si tu n’as pas envie d’un bain de boue, ça ne te dérangera pas d’attendre pendant que j’essaie, moi.

Il déboutonna le haut de sa chemise.

— Si tu la retires, je m’en vais, l’avertis-je.

Il sourit.

— Énervée ?

— Exaspérée. Et trop occupée pour jouer à ces petits jeux.

— Oh, tu peux bien m’accorder une ou deux minutes. Tu attends ici, tu me regardes et j’en aurai fini en deux temps trois mouvements. (Son sourire s’élargit.) Tu sais comme j’aimais ça quand tu regardais.

Je me retournai très vite et glissai dans la boue. Une liane suspendue me cingla le visage. Jurant à mi-voix, je l’écartai de mon chemin et me dirigeai vers le rivage à pas lourds.

— Énervée, me lança Kris.

Comme je me retournais pour répondre, j’entendis des éclaboussures derrière moi. Sur la rive reposait un énorme alligator.

— Tu apprécies le spectacle ? lui demandai-je.

Il cligna des yeux et donna un coup de queue paresseux. Un mini-raz de marée de boue m’aspergea. Kristof éclata de rire. Je lançai un regard mauvais à la bête. Elle bâilla, dévoilant des dents aussi grandes que des couteaux de chasse et deux fois plus tranchantes.

— Ouais, ouais, commentai-je. Je suis très impressionnée. Et je le serais encore plus si tu pouvais t’en servir, croco fantôme.

Une fois sur la rive, je secouai la tête. De la boue vola dans tous les sens mais tous mes cheveux retombèrent à leur place quand je m’arrêtai – lustrés, propres et brossés. J’adore l’au-delà. Je fermai les yeux et murmurai une incantation. Quand je les rouvris, je portais un jean usé et un tee-shirt. L’alligator se racla la gorge. Je lui montrai un doigt et me mis en marche, laissant Kristof nous rattraper.

 

Luther Ross vivait sur l’île de Roatan, juste au nord du Honduras. Même dans le monde des esprits, c’est largement hors des sentiers battus, raison pour laquelle quelqu’un comme Ross peut choisir d’y vivre. Le monde des esprits, comme tous les autres, possède ses lois. Les activités des esprits frappeurs enfreignent la plupart.

Un esprit frappeur pénètre dans le monde des vivants pour y manipuler des objets. Heureusement pour les Parques, ce n’est pas un problème bien grave car peu de fantômes en sont capables. La plupart des activités attribuées aux esprits frappeurs n’ont rien à voir avec des fantômes – elles sont dues aux secousses sismiques, aux constructions défectueuses, aux mauvaises installations électriques et aux ados désœuvrés.

Les quelques authentiques esprits frappeurs sont des professeurs très recherchés. Quand quelque chose est rare, c’est toujours cool de faire partie des quelques individus à en être capables. Seul problème : le pouvoir de la plupart des esprits frappeurs n’a absolument rien d’acquis, il est totalement inné.

En réalité, ce sont presque tous des semi-démons doués de télékinésie. Le pouvoir de télékinésie a la capacité de transcender les dimensions, si bien que certains, après leur mort, découvrent qu’ils peuvent continuer à déplacer des objets par la pensée dans le monde des esprits comme dans celui des vivants. Mais ils ne peuvent pas davantage transmettre ce pouvoir à une personne qui ne le possède pas que je ne peux enseigner un sort d’entrave à un non-lanceur de sorts.

Ce qui n’empêche pas ces semi-démons de « vendre » leurs services sur le marché noir. Afin de déguiser la nature véritable de leurs pouvoirs, ils se font passer pour des prêtres druidiques ou vaudous, ou d’autres créatures surnaturelles douées de capacités mineures, faciles à imiter. Ils font semblant d’instruire un étudiant pendant qu’ils manipulent les objets eux-mêmes.

Luther Ross était différent. La première fois que j’avais entendu parler de lui, l’année précédente, j’avais également entendu dire qu’il était semi-démon et l’avais catalogué comme trop stupide pour cacher la source de ses pouvoirs. Puis, quelques semaines plus tôt, j’avais découvert qu’il s’agissait d’un Gelo, un démon de la glace, et qu’il ne possédait pas de pouvoirs télékinétiques. Ce qui laissait penser que Luther Ross était un authentique spécimen, qui avait appris à déplacer les objets dans la dimension des vivants.

Se faire admettre dans la classe de Ross n’était pas chose facile. Pour échapper aux Parques comme à leurs Traqueurs, il se terrait dans des coins paumés comme Roatan et ne donnait le code de transport qu’à des étudiants qu’il approuvait personnellement. Une bonne dizaine de mes contacts avait tenté de s’y faire admettre en vain et j’avais donc décidé que, lorsque viendrait le moment de suivre ses cours, je sauterais le processus de candidature. J’avais retrouvé la trace de quelqu’un qui connaissait les instructions pour rejoindre le dernier emplacement de son école et j’avais versé une belle somme en sorts et codes de transport pour les obtenir.

J’expliquai tout ça à Kristof tandis que nous avancions péniblement dans le marécage, nous relayant pour faire éclater les lianes qui nous bloquaient le passage. Mais je passai sous silence le marché que j’avais conclu pour obtenir l’itinéraire en lui faisant croire qu’il était de notoriété publique. Kris n’était pas dupe. Il me connaissait et savait que j’avais dû me renseigner sur Ross comme professeur potentiel, susceptible de m’être utile dans ma quête visant à aider Savannah. Mais il changea de sujet sans faire de commentaire. Mon « projet Savannah » était l’un des points qui ne manquaient jamais de faire des étincelles, ce qu’aucun de nous ne voulait. Surtout aujourd’hui.

 

On se dirigea vers le nord, sachant qu’on finirait par atteindre les Caraïbes. On émergea près de Puerto Cortez, du moins nous en informa la première personne qu’on croisa, un jeune homme arborant les cheveux décolorés et le bronzage prononcé des gens qui ont passé presque toute leur vie au bord de l’océan et ne comptent pas le quitter après leur mort.

— Les vagues sont bonnes ? demandai-je en désignant sa planche de surf.

— Nan. C’est génial pour nager avec un masque et un tuba, mais pour le surf, rien à faire à moins de créer les vagues soi-même. (Il dévoila furtivement ses dents blanches.) Une chance que j’en sois capable.

— Tempestras, commentai-je.

— La vache, vous êtes douée.

— Aspicio, répondis-je en lui tendant la main.

Il la secoua latéralement, pouce levé, accrochant les doigts aux miens.

— Cool. Vous disposez de vision à rayons X, c’est bien ça ?

— Un truc du genre. (Je regardai sa planche.) Donc, où est-ce que vous faites apparaître votre vague ?

— Vers Tela, près du parc national.

— Ça se trouve près de Roatan ? C’est là que nous allons… enfin, nous essayons.

— Roatan ? (Il nous balaya du regard, Kristof et moi, puis haussa les épaules.) Chacun son trip. Le plus facile serait de s’en tenir à l’itinéraire côtier. Vous finirez par atteindre La Ceiba. C’est par là qu’on accède à Roatan. Ça fait une trotte. Mais belle balade.

— Génial. Merci.

— Pas de quoi. Amusez-vous bien là-bas. (Il fit mine de partir, puis s’arrêta et nous toisa encore.) Juste un truc, pensez à vous changer avant d’atteindre La Ceiba. Comment vous dire, ils tiennent à l’authenticité de l’endroit.

Après son départ, je me tournai vers Kristof.

— L’authenticité ?

Il haussa les épaules.

— On verra bien sur place.

Je n’avais aucune envie de rattraper le semi-démon surfeur pour lui poser la question, aussi amical soit-il. Je m’étais déjà attiré des ennuis en faisant ça. Dans le monde des esprits, c’est une chose d’admettre qu’on ne sait pas où l’on va, mais c’en est une autre de reconnaître qu’on ne sait pas à quoi s’attendre en y arrivant. Une source d’ennuis inépuisable.

Lors de la première année, on m’avait donné le nom d’un contact potentiel à Stanton, Texas, et j’avais donc demandé à mon informateur à quoi m’attendre – à quelle époque. Le type m’avait répondu que Stanton était figée à l’époque du Far West, et que mon contact vivait dans une maison de passe. Naturellement, je m’étais pointée en costume adapté à l’époque et au lieu, pour me retrouver en plein milieu d’un monastère carmélite du XIXe siècle, habillée en prostituée. J’avais eu bien de la chance de sortir de là sans me retrouver enduite d’une jolie couche de goudron et de plumes. En tout cas, le type qui m’avait envoyée là-bas s’était bien marré. Dans un au-delà longuet et souvent monotone, c’est parfois tout ce qui compte.

 

Le paysage était certainement ravissant, mais on le longeait depuis quinze kilomètres, traînant les pieds dans le noir à la seule lueur de ma boule de lumière. Puis on aperçut enfin une autre lueur qui éclairait le ciel nocturne.

— Ça doit être La Ceiba, mais je crois qu’il est trop tard pour trouver un bateau en partance pour Roatan.

— Légalement, oui. Mais il doit y en avoir pas mal sans surveillance.

— Bon plan. (Je reniflai l’air.) Tu as senti ça ?

— Du bois en train de brûler. Des feux de camp, je suppose.

— Une ville de scouts ?

— Je n’exclurais pas cette hypothèse. Il existe tout le reste ici. Y en a pour toutes les perversions.

Je lui donnai une tape sur le bras.

— On appelle ça un choix de vie alternatif après la mort, tu te rappelles ? Ou tu dormais pendant cette partie-là de la formation ?

Kris ricana.

— Quand tu décides de t’installer dans un manoir sudiste après ta mort, c’est un choix de vie. Quand tu choisis de jouer aux soldats confédérés ou à Billy le Kid, c’est une perversion.

— Hum, je crois me rappeler un certain individu qui jouait à Billy le Kid il y a seize ans.

— C’était Pat Garrett, répondit-il. Et quand ça ne dure qu’une nuit, ce n’est pas un « choix de vie ».

— Non, c’est une perversion.

Il m’assena une claque sur les fesses et gronda :

— Fais gaffe !

— Hé, j’ai dit que c’était une perversion, déclarai-je en souriant. Pas que j’étais contre.

 

On atteignit le sommet d’une petite côte. Juste en dessous de nous, au clair de lune, un alignement de maisons délabrées qui n’étaient guère plus que des huttes – et décrépites, avec ça. Depuis la ville nous parvenaient les rires rauques, les cris et les sifflets d’hommes qui faisaient de gros efforts pour s’amuser et descendaient à cette fin des quantités massives d’alcool. La lueur tremblotante des bougies brillait depuis les fenêtres de plusieurs gros bâtiments. De la fumée de feu de camp planait en une brume gris bleuté au-dessus de la ville.

— Une fête étudiante du XIXe ?

Kris secoua la tête et guida mon regard vers les quais. J’y vis une dizaine de bateaux si serrés dans le petit port qu’ils étaient alignés en deux et même trois files. Et pas n’importe lesquels : d’imposants galions de bois, chacun équipé d’une dizaine de voiles ou plus, et dont le pont était une véritable jungle de cordes. Tout en haut des mâts, des pavillons flottaient au vent. D’ici, ils ne ressemblaient qu’à des bouts de tissu de couleurs vives. Quand j’affinai ma vision, je distinguai des motifs : un bras brandissant le fourreau d’une épée, un squelette levant un verre, plusieurs drapeaux nationaux et, sur plus de la moitié d’entre eux, les crânes et os croisés omniprésents du pavillon noir.

Des pirates.

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